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Journée pédagogique #3 - Projet « Bridges over troubled waters »

Développer une pensée critique pour décoder le monde au quotidien, telle est la mission de notre séance qui vise à décrypter l’art par le prisme de nos valeurs.

Les précédentes séances ont permis de cerner les valeurs de notre école, mais aussi de confronter les valeurs des individus qui composent la classe de 3e/2nde. De nos valeurs dépendent nos réactions : la séance sur la publicité l’a bien montrée. Mais lorsqu’on aborde la question de l’art et de l’artiste, comment réagir ? Entre ouverture et rejet, tolérance et intolérance, curiosité ou indifférence, la réflexion collective reprend de plus belle.




JOURNÉE PÉDAGOGIQUE #3 — « Les valeurs dans l’art : peut-on séparer l’artiste de l’œuvre ? »


Épineuse question de savoir où situer nos valeurs face à une œuvre d’art : faut-il interpréter l’œuvre à la lumière de nos valeurs ? Mais dans ce cas, on risque de limiter nos curiosités. Si les valeurs sont une boussole pour nous guider dans la vie, peuvent-elles tout aussi bien nous guider dans les œuvres ?


Pour y réfléchir, trois artistes controversés sont à l’honneur avec leur œuvre : La femme qui pleure de Picasso ; J’accuse de Polanski et Imagine de John Lennon.





Derrière l’artiste, il y a le poids des responsabilités : Picasso et John Lennon ont commis des violences conjugales ; Polanski des abus sexuels. Mais derrière l’œuvre, il y a aussi le plaisir que je peux prendre à contempler leurs œuvres. Entre les deux, il y a la question que l’on va se poser tout au long de la séance :


« Faut-il les boycotter au nom de nos valeurs ? - Qui les ? Les œuvres ? Les artistes ? »


LE PROCÈS DES ARTISTES


Il s’agit déjà de distinguer la sphère privée de la sphère publique : Johnny Depp, Kanye West, Bertrand Cantat.



Un artiste peut être condamné comme n’importe quel citoyen. Pourtant l’artiste n’est pas n’importe quel citoyen : il est un citoyen qui a une audience. L’artiste est entendu, écouté et surtout il nous inspire, pour le meilleur comme pour le pire. Plusieurs cas de figure se présentent à nous et l’affaire se complexifie subitement sous nos yeux :


  • Bertrand Cantat peut nous troubler par son double visage car l’artiste se fait publiquement le chantre de valeurs qu’il ne respecte pas dans sa vie privée.




  • Kanye West peut nous indigner par l’usage qu’il fait de sa parole publique.




  • Johnny Depp avec son procès fortement médiatisé peut nous étonner car comment distinguer l’homme qui est jugé de l’acteur qui soulève les passions.




Pour trancher le nœud gordien, nous prenons acte que ces comportements provoquent chez nous des réactions. Comme avec la publicité, nous réagissons en fonction des valeurs qui sont les nôtres. Et pour les artistes, il y a la question de la responsabilité. La justice intervient pour faire la part des choses. Les élèves ont pu en discuter sous la forme d’un débat objectif puis subjectif. D’une part, il y a le point de vue de la justice, de l’autre notre ressenti profond sur la question de savoir si un artiste condamné par la justice peut encore exercer son art publiquement.


*Débat objectif : Droit à la création artistique, droit de prescription et présomption d'innocence.


*Débat subjectif “Est-ce que ces personnes doivent être mises en avant ?


Après avoir évoqué ces cas de figure, revenons ensuite à nos valeurs confortées par certaines figures publiques qui nous inspirent. D’ailleurs, pourquoi seulement une figure publique, il existe des personnes dans notre entourage qui nous inspirent plus encore. Un parent n’est-il pas l’artiste de son enfant ? Il y aurait sur cette question un joli débat subjectif à lancer.


AUX GRANDS HOMMES LA PATRIE RECONNAISSANTE



Quoi qu'il en soit, les valeurs servent aussi à fédérer un groupe. Et mettre un visage sur une valeur est un moyen puissant pour y arriver. Étudier la communauté des fans nous en a apporté la preuve indéniable. Et à grande échelle, n’est-ce pas la même dynamique lorsque l’on constate que toute nation a ainsi eu besoin de ses héros pour nourrir son récit national et créer cette dynamique unificatrice ? Pour en parler, rien de mieux qu’une visite au Panthéon pour le constater de ses propres yeux.



« Donc il n’y a que des gentils au Panthéon ? - Préfères-tu pour y répondre un débat objectif ou un débat subjectif ? »


Tous ces sujets ont inspiré nos élèves pour la prochaine séance : l’écriture d’une musique célébrant nos valeurs communes !



Charlotte Allamargot, enseignante de français, anglais & espagnol



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